Je suis allée voir un ORL, un ancien, qui ne m’a pas crue lui non plus
Bonjour à tou.te.s,
Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait de recherches sur l’anosmie sur internet et me voilà donc sur ce forum, à lire vos témoignages qui ressemblent à ce que je pourrais en raconter. La similitude entre certaines micro-situations que j’ai vécues est même troublante. Je suis une femme de 43 ans et je n’ai jamais rien senti. J’ai fini par comprendre que cela n’était pas tout à fait normal vers 12 ans. Avant cela, je pensais que cela viendrait avec le temps, que ça viendrait…J’ai moi aussi lancé des « ça sent bon! » à ma mère lorsqu’elle cuisinait, étant par ailleurs très gourmande, comme une chose à dire quand quelque chose de bon se prépare. J’ai sniffé des bouteilles d’ammoniac ou de vieux parfums en ayant l’impression de sentir vaguement quelque chose (de désagréable).
Lorsque j’ai annoncé la chose vers 12 ans, ma situation familiale était compliquée et personne dans mon entourage n’était vraiment prêt à le recevoir, si bien que personne ne m’a crue. Et j’ai mis ça de côté. Sauf une fois, au collège, dans un cours de sciences physiques, lors d’une expérience dégageant une odeur d’oeuf pourri. Le professeur, incrédule face à mon insolente absence de réaction contrastant avec celle de mes camarades, m’a mis le tube sous le nez (sur-réaction horrifiée de mes camarades!). Un bref et franc snif snif a mis tout le monde d’accord, je n’avais pas d’odorat! Vers 18 ans, devenue autonome, je suis allée voir un ORL, un ancien, qui ne m’a pas crue lui non plus. Il m’a fait sentir un nombre incroyable de fioles, en vain. Et en me répétant que ce n’était pas possible. Et c’est dans ce cabinet qu’ont cessé mes recherches sur mon anosmie, dont je ne connaissais pas le mot à l’époque, internet commençant à peine.
Cela ne m’a jamais handicapée, m’étant construite sans savoir ce que permet la perception des odeurs. Ce sont les discussions sur le sujet, que j’affectionne beaucoup, qui me font comprendre à quoi sert l’odorat. Lorsque j’habitais Paris, cela me semblait même être un immense privilège. Je me méfie quand même du gaz et craint un peu ne pas sentir l’odeur du cramé. C’est sûr que l’odorat me serait utile bien des fois, pour identifier si un aliment est bon, déterminer le linge sale, épicer les plats autrement qu’au « pif » (une expression créée pour les anosmiques?). J’avoue que plus l’âge avance, plus ma curiosité se mêle de frustration quand il s’agit des odeurs de plantes, de fleurs, de champignons et aussi et surtout des être humains! Mais ce qui me frappe le plus, c’est à quel point les gens autour de moi ne parviennent pas à enregistrer cette information. Je le précise pourtant régulièrement par la force des choses. Et alors même que les gens ayant de l’odorat autour de moi me font comprendre à quel point ce sens est un vecteur de mémoire.
Ce qui m’a longtemps interrogée sur comment fonctionner la mienne. Il y a quelques années, j’avais trouvé un numéro d’un service hospitalier spécialisé à Nantes, mais je n’ai jamais sauté le pas. D’autant que les anosmies de naissance semblent être incurables. Mais je me suis souvent demandé : que serait ma vie d’un coup si je retrouvait l’odorat et découvrait à mon âge ce qu’est une odeur? Peut-être que des personnes venant sur ce forum ont vécu ce genre d’expériences, qu’il me plairait de lire. Bonne continuation à tou.te.s et merci pour vos témoignages.
Anonyme