L’anosmie et ses causes
L’anosmie est un trouble quantitatif de l’odorat qui se caractérise par une absence totale d’odorat. Les informations chimiques en provenance de l’environnement (odeurs, arômes) ne peuvent pas être captées, transportées ou traitées. L’odorat est le premier sens développé chez le fœtus, qui peut ainsi capter ce que mange sa maman et commencer à construire sa bibliothèque olfactive.
Ce trouble peut exister dès la naissance, on parle alors d’anosmie congénitale ; ou apparaître au cours de la vie, on l’appelle dans ce cas une anosmie acquise. L’anosmie touche 5% de la population (Brämerson A et al, Prevalence of Olfactory Dysfunction: The Skövde Population-Based Study Laryngoscope. 2004 Apr;114(4):733-7.)
Si ces deux cas se traduisent par une absence d’odorat, il est cependant utile de les distinguer, car les réalités qu’elles englobent pour chaque personne anosmique diffèrent sur bien des points : ce n’est pas la même chose de grandir et de se construire sans odorat, que de perdre au cours de sa vie un sens avec lequel on a construit sa personnalité et ses sensibilités.
Au-delà de la prise en charge médicale qui diffère, chaque type d’anosmie entraîne des problématiques spécifiques pour la personne atteinte. Selon la cause et le cas clinique, l’anosmie acquise peut être temporaire, curable, ou incurable. L’anosmie de naissance est, elle, définitive.
Pour en savoir encore un peu plus, nous vous proposons cette vidéo :
Les inflammations du nez et des sinus
Exemple : rhinite, sinusite, polypose naso-sinusienne…
Ces maladies provoquent une atteinte de la cavité nasale. Les molécules odorantes ne peuvent plus accéder à la muqueuse olfactive du fait d’une obstruction de la cavité nasale. Cela empêche donc la muqueuse et ses récepteurs de capter les informations et de les transmettre au cerveau.
Mon anosmie est due à une inflammation (exemple : polypose nasale)
Les traumatismes crâniens
20% des cas
Il arrive qu’un choc violent à la tête entraîne un ébranlement de la masse cérébrale. Lorsque cela arrive, les filaments des nerfs olfactifs en liaison avec le bulbe olfactif sont sectionnés par cisaillement au niveau de l’os (la lame criblée) sous l’effet du choc. L’influx nerveux ne peut donc plus être transmis.
Certaines maladies neurodégénératives
Parkinson, Alzheimer – moins de 2%
L’anosmie est l’un des symptômes précoces de ces maladies.
Les infections virales
Exemples : grippe, covid-19…
Le virus lui, va porter atteinte à la muqueuse olfactive en attaquant les cellules de la muqueuse responsable de la détection des molécules odorantes. Dans ce cas-là, l’atteinte des récepteurs olfactifs censés transformer les molécules odorantes en message nerveux empêche le cerveau de capter et traiter les odeurs.
D’autres causes
20% des cas sans cause retrouvée
La prise d’un traitement médicamenteux, l’exposition à des produits chimiques, un choc émotionnel, la radiothérapie, des troubles hormonaux, des affections dentaires, certaines tumeurs de la région ORL, des maladies métaboliques comme le diabète sucré.
Le vieillissement normal du système olfactif
Comme tous les autres sens, son efficacité se réduit avec l’âge.
les anosmies congénitales
L’anosmie peut également être congénitale, c’est-à-dire présente dès la naissance (5% des cas). Les études indiquent qu’environ 1 personne sur 10 000 nait sans odorat (anosmie congénitale). L’anosmie congénitale peut avoir plusieurs causes : des malformations de la cavité nasale qui empêchent les molécules odorantes d’accéder à la muqueuse; un épithélium olfactif absent ou non fonctionnel ou encore l’absence ou l’atrophie des bulbes olfactifs. Ces mêmes anomalies ont des origines très diverses.
L’anosmie congénitale peut être soit isolée de toute pathologie, soit syndromique c’est-à-dire faisant partie du spectre clinique d’un syndrome.
Parmi les syndromes au sein desquels l’anosmie congénitale peut s’observer, nous pouvons citer le syndrome de Kallmann de Morsier, l’insensibilité congénitale à la douleur, le syndrome CHARGE, le syndrome de Bardet-Biedl, l’amaurose congénitale de Leber, la maladie de Refsum et le syndrome neuroectodermique de Johnson. Les recherches scientifiques indiquent un degré important d’héritabilité de la mutation génétique responsable de l’anosmie.
Précisons enfin que certains cas d’anosmies « pensées » comme congénitales peuvent en réalité être des cas d’anosmie acquise. Il est en effet généralement difficile de savoir si l’anosmie diagnostiquée pendant l’enfance est effectivement congénitale ou si elle a été acquise pendant les plus jeunes années de la personne concernée (sans que celle-ci puisse s’en rendre compte ou s’en souvenir), par exemple suite à une chute provoquant un traumatisme crânien, une infection virale, etc.